Area Allagabile
La gestion du risque d’inondation dans une ville comme Gênes, au relief prononcé et parcouru par de nombreux torrenti, relève d’un exercice difficile.
Au fil des années et sous l’effet d’une perte de la mémoire des évènements catastrophiques à longue période de retour, des secteurs soumis au risque de débordement des cours d’eau ou au ruissellement pluvial intense ont été urbanisés, en particulier durant les trente glorieuses lorsque le besoin de logements a explosé et à une époque où les plans de prévention des risques n’existaient pas et la spéculation immobilière allait sans frein.
Le développement urbain a étendu les surfaces imperméabilisées, mais les réseaux de collecte et d’évacuation des eaux pluviales n’ont pas suivi cette progression, accentuant davantage l’aléa de ruissellement. Les vallons ont été soumis à des apports d’eau de plus en plus importants dépassant leur capacité initiale et mettant en péril les populations riveraines, les habitations et équipements alentours lors d’épisodes pluvieux exceptionnels.
Il n’y a pas de solution miracle pour ces quartiers déjà construits en bordure des torrents. Si l’on peut imaginer à long terme leur requalification progressive, voire une lente redistribution spatiale qui résulterait de leur classement au moins partiel en zone inconstructible, la priorité à court et moyen terme est donnée à la protection des populations par des travaux de réduction de la vulnérabilité et la mise en place de systèmes d’alerte.
Mais pour le praticien de la prévention qui est également photographe, un paradoxe frappe à la vue de ces endroits.
Ce sont des zones à risque, mais aussi des lieux qui exercent un certain attrait auprès de populations souvent modestes, qui échappent ici à la densité étouffante en vivant au contact d’un espace naturel, fût-il relictuel; une forme de privilège en milieu urbain qui, d’une certaine manière, se paie par un niveau d’exposition au risque plus élevé. En cela, ces habitants montrent probablement leur attachement très fort à un cadre de vie de qualité, lié à la présence de la nature en ville.
Une politique ambitieuse et durable de prévention du risque d’inondation devrait ainsi tendre vers une meilleure sécurité des riverains évidemment, mais en trouvant les moyens de ne pas lui sacrifier la protection des espaces naturels que sont ces cours d’eau urbains et dans un objectif de mixité sociale préservée.