Promener des photos à Paris

En séjour à Paris quelques jours, j’emmène mon livre auto-édité pour le présenter dans différentes librairies spécialisées. En Creuse, aux lieux mêmes des photographies, les commerçants avaient refusé de mettre mon livre sur leur étal. Trop triste m’avaient-ils dit, vous le vendrez à Paris, mais pas ici. Pensant qu’ils n’avaient peut-être pas tout à fait tort, je décidai de relever le défi. Première étape, le centre Pompidou. Je traîne un bon moment parmi les livres épais aux couvertures cartonnées, livres mythiques de mes auteurs préférés. Mon petit livre paraît bien fragile au milieu de ces mastodontes. Je le garde au fond de mon sac sans l’adresser à aucun vendeur. Deuxième étape, le BAL. Plus intime, plus spécialisé, j’ose le montrer au responsable. Je m’écarte pour le laisser seul à seul avec mes photos. Après cinq minutes, il vient me voir : les images sont bien, les textes aussi, mais les deux ne vont pas ensemble. Je défends mon petit. C’est étonnant ce que vous me dites, parce que c’est justement l’intérêt du livre. Je remets mon livre dans mon sac direction la Chambre Claire. Au fond du magasin, le responsable prends mon livre entre les mains, regarde le titre, ouvre une page, puis deux. Trop régional me dit-il, et puis les petits livres on me les vole. Peut-être le mot Limousin sur la couverture n’est pas vendeur me dis-je. Pas rancunier, je lui prends « la photographie » de Rouillé. Et puis l’incontournable Jeu de Paume, l’expo proposé ne me tente pas, la librairie si. Les vendeurs pas très chaleureux me font renoncer à raconter mon histoire, j’ai besoin d’un contact. Je sors avec « le beau en photographie » de Robert Adams. Dernière étape, la MEP. Attiré par les photos de Claude Lévêque, projetées en petit format dans les grandes salles, je me reconnais dans la distance ironique que l’artiste prend quand il photographie une petite ville de province, Nevers pour lui. Je me dis tiens, l’argument « trop régional » de la Chambre Claire ne tient pas à la MEP pour Claude Lévêque. Librairie de la MEP, mêmes livres de superstars de la photographie et de l’édition, je suis un peu découragé. Mon livre ne joue pas dans cette catégorie, c’est évident. Pas de problème, comme dirait Renaud, il reste au chaud, je trouverai le bon lieu, les bonnes personnes, la bonne écoute, pour celui-là ou le prochain. En solde, un Plossu à 1€, « route nationale n°1 », texte de Jean-Christophe Bailly, je prends.

Olivier Gouéry

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