La vérité du paysage

De retour en Creuse pour quelques jours, dans ma boîte aux lettres le courrier d’une personne révoltée après la lecture de mon livre « nouvelle population en limousin, paysage du quotidien ». Trois pages de commentaires issus d’une lecture détaillée de mon ouvrage tendus par un objectif, celui de nier la réalité d’une expérience et d’un point de vue en tentant d’imposer une vérité sur un territoire : celle des gens qui sont d’ici. D’après elle, mon livre, qu’elle appelle mon « petit livret », est « dangereux car tellement négatif, et que pour ne pas humilier les creusois, il aurait fallu dire les choses autrement ». Il est vrai que j’écris les choses comme je les pense, et non pour faire plaisir. Pour se donner bonne conscience sans doute, elle ajoute que l’implantation de nouveaux arrivants en Creuse ne peut être, selon elle, que bénéfique ; mais probablement à condition que ces nouveaux habitants ne réfléchissent pas à ce qu’ils vivent. Le lendemain, une librairie de La Souterraine, qui vend principalement les prix Goncourt et quelques manuels scolaires, a refusé de prendre mon ouvrage en dépôt vente, parce qu’il n’est pas selon elle, représentatif de la Creuse. Une librairie qui refuse l’esprit critique est-elle encore une librairie ? Au moins l’aura t-elle lue et peut-être perçu quelque chose de la difficulté à vivre en creuse pour ceux qui ne sont pas d’ici. Pas de généralités bien sûr, mais des réactions prenant racine dans un profond sentiment de rejet de la différence, qui déteint à hauteur de 18% dans les urnes, qui s’additionnent et poussent inexorablement vers la sortie.

OG

Voir ici un article sur le livre d’Olivier Gouéry sur ce blog : http://www.oeil-arpenteur.org/blog/?p=90

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